1951 et 1952 – Histoires de sosies (de Gérard Philipe)

Gérard Philipe : histoires de sosies (en 1951 et 1952)

Si l’on met de côté les concours de sosies, si populaires dans les années 40 et 50, il arrive que les faux jumeaux aient des idées en tête… Mais faut-il toujours s’en plaindre ? Voici un autre des aléas de la célébrité, plutôt inattendu.

Les sosies de Gérard Philipe semblent s’être rassemblés à Avignon. Voyez plutôt !  

 

LE SOSIE DE GERARD PHILIPE

J’ai eu l’occasion de rencontrer dans la rue de la République, le sosie du fameux acteur Gérard Philipe. C’est un jeune homme d’une vingtaine d’années, plus grand et plus mince que Gérard Philipe. Par contre, c’est sa tête toute crachée.

Cet été, au moment du Festival d’art dramatique, nombre de jouvencelles lui ont demandé des autographes. Il a consenti à les leur donner, mais il a signé de son nom personnel.

Vous voyez d’ici la tête de ces petites !

Max Guizot, La Gazette provençale, 27 septembre 1951.

 

Le journaliste précise ensuite :

 LE SOSIE DE GERARD PHILIPE

Nous vous avons déjà parlé, amis lecteurs, de ce grand jeune homme, demeurant à Avignon, qui est le sosie parfait du talentueux Gérard Philipe.

Nous dévoilerons aujourd’hui l’identité de ce sympathique garçon ? Il s’appelle M. Bornéa et exerce, avec infiniment de goût, le métier d’artiste-peintre.

Tous ceux qui ont eu l’avantage d’admirer ses œuvres ne tarissent pas d’éloges sur le compte du sosie de Gérard Philipe.

Max Guizot, La Gazette provençale, 18 octobre 1951.

 

Est-ce le même dont La Gazette provençale du 12 octobre 1951 raconte que 

 Le jeune acteur Jean Mariel porte actuellement un chapeau plat qui le fait quelque peu ressembler à Charles Trenet.

Hier matin, ainsi coiffé, Jean Mariel arpentait la rue de la République en compagnie d’un garçon de son âge, qui est le sosie de Gérard Philipe.

Toutes les jeunes filles se retournaient automatiquement sur eux.

 Voilà Charles Trenet et Gérard Philippe (sic), disaient-elles.

 

Mais tous les sosies n’ont pas le même sens de l’humour…

En juin 1952, Gérard Philipe est interviewé au sujet de Lorenzaccio par l’écrivain et journaliste Jean Boissieu, qui se rappellera ensuite :

« […] avant de le quitter, Gérard ajouta : "Puisqu’on vous demande du croustillant, je vous offre une piste : il paraît qu’en ce moment circule à Avignon un de mes sosies qui donne aux demoiselles des autographes et sans doute davantage. Dénichez-le mais ne le démasquez pas. Il me rend service !"

Jean n’eut pas à chercher loin. Entouré d’un essaim de minettes, le faux Gérard Philipe maniait allégrement le stylo à la terrasse d’un café de la Place de l’Horloge, assez loin de l’Auberge de France et de la Civette pour ne pas courir le risque de rencontrer le vrai.

La ressemblance n’était pas évidente, sinon la silhouette et le timbre de voix assez bien imité.

Ce n’était qu’un cinéphile forcené qui essayait de s’identifier à son idole. Il n’en tirait d’autres profits que de faciles conquêtes. »

(Gisèle et Jean Boissieu, Avignon : nos années Vilar. Autres Temps, 1994.)

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