1948 – Gérard Philipe est cambriolé ! Butin : chaussettes, pulls et caleçons

Curieuse affaire que ce cambriolage fomenté contre Gérard Philipe en septembre 1948 et réalisé en bande organisée ! Si l’on peut hasarder un parallèle entre la « contagion de la sainteté » sous-entendu par le culte des reliques au Moyen Âge et le fétichisme des admirateurs de « vedettes », on peut à bon droit s’interroger et sourire du choix des objets dérobés à Gérard Philipe ! 

Le quotidien Ce Soir rend compte de cette affaire le 20 mars 1949, à l’occasion du procès :

 Pour plaire à Yvette

admiratrice de

Gérard Philipe

CINQ CAMBRIOLEURS

volent les chaussettes

et les chemises

de l'acteur

« En septembre dernier, l'acteur Gérard Philipe eut la désagréable surprise, en rentrant chez lui, 22, rue de Tocqueville, de constater que sa garde-robe avait été pillée pendant son absence par des cambrioleurs. Des caleçons, des chaussettes, des chemises, douze pull-overs avaient disparu.

Après enquête, on retrouva les "dessous" de la vedette dans l'armoire d'une jeune admiratrice : Yvette Biace.

Celle-ci avait exprimé le désir, devant cinq jeunes gens, tous célibataires, d'avoir en sa possession quelques souvenirs de l'artiste, son idole.

Les cinq galants : Bazin, Champion, Dupont, Dupré et Lebel, partirent aussitôt en  "expédition", armés de pinces-monseigneur, et parvinrent, sans encombre, à satisfaire le caprice de la jeune fille.

Malheureusement, enhardi (sic), par ce facile succès, nos cinq compères eurent l'idée saugrenue, afin d'entretenir leur amitié avec l'exigeante Yvette, de commettre plusieurs autres cambriolages.

Ils purent ainsi combler leur amie de cadeaux… peu coûteux, mais finirent naturellement par se faire prendre.

Comparaissant, ainsi que leur receleuse, devant la 15e chambre correctionnelle de la Seine, les apprentis cambrioleurs se sont vu infliger des peines d'emprisonnement variant entre huit et dix-huit mois.

L'imprudente admiratrice de Gérard Philipe, qui était assistée de Me Jacqueline Bromberger, a été, de son côté, condamnée à quatre mois de prison. »

 

En septembre et novembre 1948, Gérard Philipe était effectivement en tournage à Nice, Rome, Pise et les Studios de la Victorine pour Monsieur Pégase, géomètre (qui deviendra Tous les chemins mènent à Rome.)

Un an après, cette affaire est encore rappelée après une interview de Gérard Philipe portant sur La Beauté du diable et son travail avec René Clair, le 23 mars 1950 à la radio (Programme National). La journaliste Madeleine Blomet explique que :

 « Gérard Philipe n'aime pas que l'on dise de lui que c'est un jeune premier... Et l'histoire qui lui est arrivée il n'y a pas si longtemps l'a beaucoup ennuyé.

Figurez-vous qu'une jeune fille qui s'appelait Yvette Biace aimait Gérard Philipe (platoniquement, bien entendu). Frissonnante d'émotion, elle ne ratait jamais un de ses films. Un jour, du moins c'est elle qui l'affirme, elle eut le désir d'avoir en sa possession quelques objets appartenant à son idole. Pour lui complaire, cinq jeunes gens partirent en expédition. Fracturant la porte de l'acteur, ils lui dérobèrent onze pull-overs, des chemises, des chaussettes, des caleçons qu'ils remirent à la jeune fille. Ils auraient pu s'en tenir à ce cambriolage sentimental ; ils voulurent récidiver et furent arrêtés ainsi que Yvette Biace. Après comparution devant le tribunal, la receleuse éperdue d'amour s'en tire avec quatre mois de prison.

Comme quoi, quand on est acteur de cinéma, il faut toujours acheter des verrous de sûreté ! »

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