Début 1948, Gérard Philipe interrompt les représentations des Épiphanies de Pichette pour jouer dans une pièce de boulevard, K. M. X. Labrador au Théâtre de la Michodière. C’est une adaptation de Petticoat fever de Mark Reed, réalisée et mise en scène par Jacques Deval. Ce dernier se souviendra du vif intérêt que le jeune comédien prend à tous les aspects du spectacle, ainsi que d’un numéro de mime éblouissant fait en lever de rideau.
Vous pouvez retrouver une revue de presse conservée par la Bibliothèque nationale de France et téléchargeable en ligne sur GALLICA.
Photographie publiée dans Le Spectateur du 3 février 1948
© Gallica-Bibliothèque nationale de France
On y trouve aussi des photos de la pièce et des caricatures assez savoureuses. Ces comptes rendus insistent certes sur la virtuosité du comédien, mais mettent également en garde contre la dilapidation de ses talents dans des textes qui n’en valent pas la peine. L’un d’eux prend également une résonance funeste quand on connaît le sort de Gérard Philipe….
Gérard Philipe dans K. M. X. Labrador : florilège de presse
«
(...) Mais il y a aussi Gérard Philipe. À lui seul, il justifie le spectacle,
bien qu'on soit un peu étonné de le voir embarqué dans cette aventure. Mais
enfin, il est là et grâce à lui, on oublie les faiblesses et les longueurs de
la pièce. Il est là et il joue. Que dis-je, il joue ? Non, il vit ; chacun de
ses gestes, chaque trait de son visage, chaque nuance de sa voix expriment
quelque chose. Son personnage n'est peut-être qu'un prétexte : il en fait un
être de chair et de sang – et d'âme. Il est gentil, il est profond, il est
vrai, tour à tour et constamment.
Oui, il faut aller voir Gérard Philipe.» André Alter, L'Aube, 29 janvier 1946.
« Depuis quatre ans, M. Gérard Philipe ne cesse de nous émerveiller. Au cinéma : L'Idiot et Le Diable au corps ; au théâtre : Sodome et Gomorrhe, Caligula, Les Epiphanies, et hier, K.M.X. Labrador lui ont déjà permis de dévoiler plusieurs faces de son prodigieux talent. Il sera certainement l'acteur le plus remarquable de sa génération et, probablement, un très grand acteur. (...) » François de Roux, L'Époque, 30 janvier 1948.
« Une révélation : les prodigieux dons comiques de Gérard Philipe qui fut la joie de la soirée. (...) Harold c'est Gérard Philipe et il est éblouissant de drôlerie discrète, de naturelle cocasserie. Que les auteurs ne s'y trompent point : nous avons en lui un très, très grand artiste de fantaisie. (...) » Léon Treich, L'Ordre, 30 janvier 1948.
« (...) Je qualifiais, lors des Épiphanies, Gérard Philipe d'acteur génial : après la prodigieuse animation, la constante spontanéité créatrice, dont il fait preuve dans ce genre radicalement opposé au précédent et inférieur, nul ne trouvera plus, je pense, le terme exagéré. (...) » Marc Beigbeder, Le Parisien Libéré, 31 janvier 1948.
« (...) [Gérard Philipe] est simplement prodigieux d'aisance, de naturel, d'invention. Le petit numéro muet qu'il exécute au lever du rideau vaut à lui seul le dérangement. Ne le mettons pas au défi : il serait capable de nous faire rire aux larmes en lisant l'annuaire du téléphone. » D.M., La Bataille, 4 février 1948.
« (...) Ces dons extraordinaires ne sont guettés que par un seul péril. On ne les imagine pas vieillissants, ni même mûrissants. Qu'il se hâte de nous éblouir. » Robert Kemp, Le Monde, 5 février 1948.
« (...) Gérard Philipe est un grand artiste : il est parvenu à faire vivre le néant [du texte] (...) » Carrefour, 11 février 1948.
« (...) Mais, ajouterai-je aussitôt, il est tout de même bien regrettable qu'un très grand comédien, le plus grand sans doute de sa génération, soit invité à se galvauder ainsi. On pourrait même craindre qu'à la longue, dans de semblables emplois, il ne perde ce qu'il a d'unique ; c'est une expérience à ne pas renouveler. (...) » Gabriel Marcel, Nouv. Lettres françaises ? [titre peu lisible], 26 février 1948.
caricature publiée dans L'Aurore du 30 janvier 1948
© Gallica-Bibliothèque nationale de France
S'y ajoute également un compte rendu paru dans Femmes françaises.
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