1953/55 – L’ "Azuréen" Gérard Philipe est interviewé par Radio-Nice

Fresque murale de rue, à Cannes : Gérard Philipe en Fanfan la Tulipe
 

Dans les années 1950 (entre 1953 et 1955), Gérard Philipe est interviewé par Radio-Nice sur son projet de tournage de Till l’Espiègle. C’est aussi l’occasion pour le comédien d’évoquer son attachement à la Côte d’Azur.

Le tournage de Till l’Espiègle se déroulera entre le 7 février et le 13 juillet 1956. Pour un historique de ce projet, voir l’excellent article de Camille Beaujeault : « Genèse d’une œuvre : Les Aventures de Till l’Espiègle ou l’épopée "im"populaire de Gérard Philipe » (2014) (que l’on peut lire en ligne ICI).

Notons le refus réitéré du comédien d’être catalogué, enfermé dans la typologie des « romantiques »…

 

On peut écouter un fragment de cette émission non référencée précisément :

 

En voici une transcription, pour une meilleure écoute :

« [...] C'est un film que Joris Ivens va mettre en scène au début de l'année prochaine. Joris Ivens, le documentariste hollandais, qui passe maintenant aux longs métrages métrage avec Till [l'espiègle] comme premier échelon, et, j'espère, comme grande étape. Et c'est Hartog (?), autre Hollandais, qui va s'occuper de ce héros légendaire des Pays-Bas. Le sujet est vaste, il est nombreux, et il dépendra uniquement de Hartog (?). Hartog (?) revient de hollande maintenant. Il vient de collecter quelques anecdotes purement hollandaises sur Till, mais je ne veux pas dévoiler les secrets de son travail, il serait très fâché.

Bien. Maintenant, Gérard Philipe, j'aimerais que nous parlions un peu de la Côte d'Azur.

Oui.

Vous êtes Azuréen, et j'aimerais savoir :  quand vous retrouvez cette Côte d'Azur, soit par avion soit par le train, quelle impression cela vous fait ?

Vous savez, j'en parlais encore avec le Hollandais Ivens hier parce que j'ai eu l'occasion de l'amener en voiture se promener en plein azur, enfin sur le littoral jusqu'à... jusqu'à vers Toulon. Et il m'échappe des tas d'exclamations à un détour de route, à un endroit où j'allais me promener avec le Collège, sur la plage où nous allions nous baigner ensemble, à cet étage d'appartement de Juan les Pins où j'ai habité, etc. Et il m'écoutait avec un sourire amusé aux lèvres, en me disant : "Quand on tournera Till avec les extérieurs en Flandre et en Hollande, je t'amènerai près d'Amsterdam, et puis tu entendras les mêmes choses."

Et je crois que c'est ça qu'il faut dire : nous nous retrouvons tous chaque fois dans le pays natal, non loin chez vous, monsieur Selwood (?), j'ai retrouvé les mêmes impressions que celle dont je vous parlais, à Sainte-Maxime par exemple, et c'est un coup au cœur.

Mais que vous fait la campagne de Grasse ? Est-ce que vous ne la trouvez pas changée en quelques années ?

Non. Les jasmins sont toujours les mêmes. Et les vignes.

Oui. Le théâtre ne vous a pas enlevé, comment dirais-je, ces côtés romantiques que vous aviez étant enfant ?

Voyez-vous, je suis loin d'appeler ça le romantisme. Je trouve que c'est le réalisme le plus total que d'être les pieds sur le sol et de parler de ce sol. »

 

 Source : Archives départementales des Alpes-Maritimes : ADAM, Fonds Pierre Ruggiero, 31AV7/7. (Réalisé par Radio-Nice, décennie 1950. Dépôt Pierre Ruggiero.)

 Visuel : Fresque, à Cannes. Photographie © DR.

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