Sur la couverture : Maria Casarès, Gérard Philipe et Jean Vilar
© photographie Jean Rouvet, Fonds Association Jean Vilar.
Les actes des journées d’études organisées par l’Université de Bourgogne : Gérard Philipe, les masques du prince (18 novembre 2022) et l’Université Rennes-2 : Maria Casarès aujourd’hui : entre littérature et films (9 décembre 2022) viennent de paraître ! Cet ouvrage est placé sous la direction de Virgine Dumanoir, Arnaud Duprat et Corinne François Denève. Que cette dernière reçoive, ici encore, toute ma gratitude pour m’avoir incluse dans cette passionnante aventure intellectuelle.
J’ai eu le plaisir et l’honneur d’y publier une étude s’inscrivant dans la suite des études pionnières d’Edgar Morin sur Les stars : « Un saint ange ? Gérard Philipe, ses admiratrices et la dévotion populaire (contribution à l’étude du « culte des stars ») ». J’y fait le constat d’un parallèle troublant entre le culte médiéval des saints et certaines pratiques « dévotionnelles » des admirateurs (des admiratrices, principalement) de Gérard Philipe, entre pèlerinage et trafics de reliques. Parmi les nombreuses sources dépouillées pour rendre compte d’un phénomène prenant racine dans l’un des premiers rôles marquants du comédien – celui de l’Ange du Sodome et Gomorrhe de Giraudoux –, figure en bonne place l’ouvrage d’une admiratrice intitulé Gérard Philipe était mon dieu.
Quelques mots sur les contributions relatives à Gérard Philipe.
« Gérard Philipe, acteur mythique », par Georges Banu, aborde sa définition de l’ « acteur mythique ». « Acteur-poète » et « héros culturel », Philipe a marqué sa génération et Banu revient sur les différentes composantes de cette « présence » parfois oxymorique.
« “Cœur navré de joie !” : Gérard Philipe et Musset », par Sylvain Ledda, revient sur l’affinité connue entre Philipe et le dramaturge romantique, et démontre l’infléchissement des pièces de Musset vers leur composante politique. Philipe a marqué ce répertoire à tel point qu’il est demeuré longtemps une référence pour Lorenzaccio, Octave et Perdican par ses re-créations.
« De la lettre au geste : Gérard Philipe, acteur du Romantisme », par Jacques Demange, montre que cet acteur supposément « romantique » se démarque de ce qui est alors attendu d’un jeune premier… tout en en embrassant certaines composantes.
« Gérard Philipe au cœur de la nébuleuse dostoïevskienne de l’après-guerre », par Floriane Toussaint, oppose les rôles de Caligula et le prince Mychkine ainsi que le jeu de Gérard Philipe allant vers la « pureté exacerbée » de deux personnages apparemment antinomiques, tout en les resituant dans cette période de l’immédiate après-guerre.
« Gérard Philipe, acteur de cinéma », par Jacqueline Nacache, analyse le jeu d’acteur de Philipe au cinéma en prenant appui sur certains de ses rôles : en quoi est-il singulier ?
« Le désespoir incarné par Gérard Philipe : d’Une si jolie petite plage (Yves Allégret, 1949) à Montparnasse 19 (Jacques Becker, 1958) », par Aurélien Gras, se penche sur deux rôles emblématiques du versant « noir » interprété par Philipe et sur les moyens utilisés (regard, gestuelle, etc.)
« Gérard Philipe en crapule séduisante : Monsieur Ripois (René Clément, 1954) et Pot-Bouille (Julien Duvivier, 1957) », par Christian Viviani, détaille aussi l’ambiguïté du jeu d’acteur de Philipe dans deux de ses rôles marquants, bien éloignés de son image « angélique ».
Les textes de Jean-Pierre Moulères, qui scandaient l’exposition de la Maison Jean Vilar : Infiniment. Maria Casarès et Gérard Philipe, sont reproduits dans ce volume.
« Le travail et l’amitié dans les échanges épistolaires de Jean Vilar, Gérard Philipe et Maria Casarès », par Violaine Vielmas, aborde la correspondance entre les deux comédiens et le chef de troupe qu’est Vilar : peu de lettres entre les deux comédiens ont été conservées et elles ne sont pas forcément très éclairantes. C’est donc Jean Vilar qui sert de trait d’union pour ce dévoilement de leur réflexion portant sur l’art dramatique. On y constate l’engagement de Philipe comme interprète et metteur en scène.
« Pour Gérard Philipe », Rémi Taffanel, comédien, se livre ici à un bel exercice d’admiration.
« Fantômiser Gérard Philipe ». Entretien avec Anne Monfort et Laure Bachelier-Mazon, fait suite à un exercice d’élèves comédiens et comédiennes du Conservatoire de Paris, qui s’inscrit dans un travail d’appropriation, à travers le jeu d’acteur, des archives du TNP. Spectacle présenté à Avignon et dont nous avons pu voir un extrait (remarquable) lors de la journée d’étude « Anne et Gérard Philipe : Héritages et recyclerie » (Bibliothèque nationale de France, 20 juin 2025). Elles ont réfléchi à « l’incarnation des "fantômes" du TNP ».
« Notre éternelle jeunesse ? (Un masque de Gérard Philipe) », par Vincent Chambarlhac, médite sur l’usage familial d’un ouvrage consacré à Gérard Philipe par Monique Chapelle : Gérard Philipe. Notre éternelle jeunesse. Que dit-il sur la transmission et la mémoire ?
Enfin, « Faut-il accepter un futur dont vous êtes absent ? », par Corinne François-Denève, se livre à un brillant exercice uchronique sur le devenir possible de Philipe s’il n’était pas décédé si jeune, et à une méditation sur les mémoires de Philipe et Casarès. Une fin appropriée pour ce 25 novembre…
Quatrième de couverture :
« Gérard Philipe (1922- 1959) et Maria Casarès (1922- 1996) sont deux monstres sacrés du théâtre et du cinéma du XXe siècle. On ne retient souvent du premier que sa mort prématurée, qui l’a figé en jeune premier idéal. De la seconde, on se souvient de ses amours avec Albert Camus. Le présent ouvrage voudrait proposer une approche critique de ces deux acteurs qui ont marqué l’histoire de leur temps.Enfants de la guerre et des catastrophes, Philipe et Casarès se construisent comme des êtres engagés et entiers qui se vouent à leur art : est évoquée ici l’importance de leur jeu, dans des médias aussi divers que le théâtre, le cinéma et la télévision. Gérard Philipe, dans ses rôles, n’est pas que le lumineux et bondissant Fanfan : sa maigre silhouette et son regard mélancolique se mettent souvent au service de films noirs et amers. Quant à Casarès, c’est aussi son rapport à l’écriture qui est évoqué.
Des entretiens avec des artistes et des auteurs travaillant sur la mémoire de Philipe et Casarès complètent le volume. »
Table des matières :
Introduction : Virginie Dumanoir, Arnaud Duprat et Corinne François-Denève
Gérard Philipe, les masques du prince
« Gérard Philipe, acteur mythique », par Georges Banu
« Un saint ange ? Gérard Philipe, ses admiratrices et la dévotion populaire (contribution à l’étude du « culte des stars ») », par Emmanuelle Pesqué
« “Cœur navré de joie !” : Gérard Philipe et Musset », par Sylvain Ledda
« De la lettre au geste : Gérard Philipe, acteur du Romantisme », par Jacques Demange
« Gérard Philipe au cœur de la nébuleuse dostoïevskienne de l’après-guerre », par Floriane Toussaint
« Gérard Philipe, acteur de cinéma », par Jacqueline Nacache
« Le désespoir incarné par Gérard Philipe : d’Une si jolie petite plage (Yves Allégret, 1949) à Montparnasse 19 (Jacques Becker, 1958) », par Aurélien Gras
« Gérard Philipe en crapule séduisante : Monsieur Ripois (René Clément, 1954) et Pot-Bouille (Julien Duvivier, 1957) », par Christian Viviani
Infiniment. Maria Casarès et Gérard Philipe
« INFINIMENT. Maria Casarès, Gérard Philipe - une évocation », par Jean-Pierre Moulères
Textes d’introduction aux différents chapitres de l’exposition « Infiniment. Maria Casarès, Gérard Philipe - une évocation », par Jean-Pierre Moulères
Maria Casarès entre littérature et film
« Le travail et l’amitié dans les échanges épistolaires de Jean Vilar, Gérard Philipe et Maria Casarès », par Violaine Vielmas
« « Maria écrivante, riche, ruisselante »: le style de Maria Casarès dans son autobiographie et sa correspondance », par Sandrine Hylari
« La Lady Macbeth de Maria Casarès, de Jean Vilar et Georges Franju (1956) à Claude Barma (1959) », par Arnaud Duprat
« De l’intime à la scène : Maria Casarès et La Célestine », par Virginie Dumanoir
Philipe et Casarès aujourd’hui
Rencontre avec Maria Lopo
« La Maison Maria Casarès : un geste théâtral entre mémoire et création », par Claire Olivier
Rencontre avec Johanna Silberstein [co-directrice de la Maison Maria Casarès]
« Pour Gérard Philipe », Rémi Taffanel, comédien
Rencontre avec Valérie Six [productrice]
« Camus-Casarès : représenter l’intime. » Entretien avec Mona Dahdouh Recordier et Olivia Burton
« Fantômiser Gérard Philipe ». Entretien avec Anne Monfort et Laure Bachelier-Mazon
« Notre éternelle jeunesse ? (Un masque de Gérard Philipe) », par Vincent Chambarlhac
« Faut-il accepter un futur dont vous êtes absent ? », par Corinne François-Denève
Bibliographies sur Gérard Philipe et de Maria Casarès
Éditions Universitaires de Dijon, 2025. 230 pages, 20 €. Illustrations.
Ouvrage disponible en librairie et en ligne : Éditions Universitaires de Dijon, FNAC, Cultura, Gibert, Librairie Eyrolles, Decitre, La Procure, Amazon

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