1959 – Des projets de films pour 1960…

Gérard Philipe montre les objets d'art populaire mexicains qu'il a rapporté pour ses camarades du TNP

À l’été 1959, de retour du Mexique où il vient d’achever de tourner La fièvre monte à El Pao, Gérard Philipe a rapporté avec lui « quatorze valises contenant des objets populaires remarquablement décorés » pour ses camarades du Théâtre National Populaire, car, disait-il : « Les arts y sont en général très beaux, très près du peuple » (Libération, 10 août 1959) ; objets d’art qu’il montra aux journalistes.

 

Il était très sollicité pour cette saison qui s’ouvrait :

 

« […] Les propositions ont, en effet, afflué, pendant sen absence. Julien Duvivier le voudrait pour Germinal qu'il tournera d'après l'œuvre d'Émile Zola, Alexandre Astruc pour La Plaie et le Couteau qu'il réalisera d'après un scénario original de Françoise Sagan. [Alessandro] Blasetti et Alain Resnais, dont le succès de Hiroshima, mon amour, lui vaut de tourner très prochainement un deuxième film, ont également demandé à la vedette de jouer dans leur film.

Gérard Philipe ignore encore ce qu'il choisira, étant commandé par son emploi du temps du TNP où il jouera cet hiver Les Caprices de Marianne et On ne badine pas avec l’amour.

Il retournera l'an prochain au Mexique.

Gérard Philipe n’a pas de nouveaux projets de film pour le Mexique, mais retournera l’an prochain à La Havane, sur la demande de l’Institut du cinéma de cette ville, qui vient de se créer et qui espère produite une trentaine de grands films par an.

D’autre part, les producteurs du film, français et mexicain, viennent de signer un contrat prévoyant la réalisation de deux coproductions franco-mexicaine dont l’une sera tournée au Mexique et l’autre en France.

Le premier de ces films s’intitulera Interpol. […] Le Journal du Dimanche (Paris), 12 juillet 1959

 

Philipe aurait été déjà engagé par contrat pour ces deux films, affirment d’autres articles de presse. Mais tout dépendait de ses disponibilités, son emploi du temps étant dicté par ses obligations au TNP.

 

Avec le journaliste de Cinémonde, il évoquait le tournage au Mexique et sa découverte du pays, ajoutant :

 

« […] Si la découverte d'un véritable artisanat populaire au Mexique m'a étonné, je dois dire que ma plus grande surprise là-bas m’a été apportée… par la presse française annonçant que j’étais malade. De quoi ai-je donc souffert ? … Je me le suis demandé sans trouver de réponse. Me voici à nouveau en France, toujours en excellente santé. Je vais jouer à la rentrée, au TNP On ne badine pas avec l’amour et Les caprices de Marianne. J'ai reçu plusieurs propositions pour le cinéma. Mais tous les scénarios que j'ai lus, qu'ils proviennent de la nouvelle vague ou de l'ancienne, ont un point commun : leur médiocrité Aussi je préfère m’abstenir de tourner et j'attends, pour signer un contrat, de lire un scénario présentant quelque intérêt. Je me demande si les censures et les sujets tabous ne tarissent pas la veine et l’invention des scénaristes... […] » (Cinémonde, 28 juillet 1959)

 

Il était également question d’une prise de rôle : Hamlet, dans une mise en scène de Peter Brook.

 

Gérard Philipe n’avait sans doute pas pris encore de décision ; du moins, c’est ce que Le Figaro sous-entend :

 

« Gérard Philipe joue les Normands : "P’têt ben qu’oui, p’têt bien qu’non", et invoque ses obligations au TNP où il doit interpréter cet hiver Les Caprices de Marianne et On ne badine pas avec l’amour.

Pour l’instant, le célèbre acteur soigne ses vignes et déclare à ses amis : "Si vous n’avez rien de mieux à faire, venez m’aider pour les vendanges. C’est dans un mois." » (Le Figaro, 7 août 1959)

 

Le tournage du Comte de Monte-Cristo par Alessandro Blasetti était prévu fin octobre 1959, ce qui présageait un agenda difficile à mettre en œuvre. Gérard Philipe déclara :

 

« "C'est un vrai rôle de comédie", dit-il. "Toutefois, Blasetti voudrait ne pas seulement raconter une histoire. Il a l'intention de lui donner une dimension nouvelle, d'enrichir les caractères, d'aller vers l'humain. "

Mais les prises de vues auront lieu à Rome. Et Chaillot est à Paris. Cela promet des voyages, bien des difficultés dans l'agencement des représentations et des séances en studio.

Gérard Philipe balaie tout cela d'un geste de la main. Il fait beau et ses géomètres partis, il sautera dans sa vieille Ford et descendra sur la plage. » (Jean Travers, Le Provençal, 30 août 1959)

 

Ce sera Claude Autant-Lara qui se chargera de cette co-production franco-italienne, avec Louis Jourdan dans le rôle-titre (film sorti en 1961).

La presse ne précise pas quels était le projet d’Alain Resnais (son ancien voisin de palier, avec lequel Gérard Philipe avait déjà tourné deux courts-métrages en 1945 et 1946). S’agissait-il de L'Année dernière à Marienbad ? En ce cas, Gérard Philipe aurait fait son entrée par la grande porte dans l’avant-garde cinématographique, ce qui aurait durablement modifié son image…

 

Photographie : collection personnelle (Cinémonde, 28 juillet 1959)


Commentaires