Louis Ducreux, fondateur de la compagnie théâtrale marseillaise du Rideau gris, était très lié à André Roussin pour l’avoir accueilli comme acteur dans sa compagnie marseillaise… que les deux hommes finiront par codiriger. Le Rideau gris pratique déjà la décentralisation théâtrale avant la lettre…
La grande fille, c’est l’actrice Madeleine Robinson, avec laquelle André Roussin avait eu une brève liaison l’année précédente. Ce rôle, celui d’une actrice qui ne parvient plus à faire la différence entre ses sentiments de théâtre et la réalité, a été écrit sur mesure. (Par la suite, Gérard Philipe partagera l’affiche avec elle dans Une si jolie petite plage.)
Outre Madeleine Robinson, la distribution prévue devait inclure Louis Jourdan, Suzy Prim et Robert Lynen, mais ce sont finalement Jean Mercanton qui remplace Louis Jourdan ; Marthe Alicia, Suzy Prim et… Gérard Philipe, Robert Lynen.
Le dramaturge relate ainsi la genèse de ces représentations, expliquant qu’en juin 1942,
« Je reçus un soir un appel de Claude [Dauphin]. Robinson lui avait donné à lire la Grande Fille ; il voulait jouer la pièce avec elle à Cannes le mois suivant. La distribution serait inouïe (…). Un régal pour moi en perspective. [Mais certains des comédiens pressentis durent être remplacés] et Robert Lynen par un jeune homme qui en audition, avait épaté tout le monde ; il s’appelait Gérard Philipe. Ce serait la première fois qu’il monterait sur scène. Les représentations furent un grand succès, au point que trois autres seraient données le mois suivant, en août. » (André Roussin, Rideau gris et Habit vert, Albin Michel, 2013.)
Le jeune comédien débutant se produit alors sous divers pseudonymes, selon les lieux : Philippe Gérard, Philippe-Gérard, Philipe-Gérard ou Gérard Philippe. Il ne prendra son nom de scène que plus tard, en rajoutant un « e » final à son patronyme.
Le sujet de la pièce ? Le Monde (23 décembre 1944) le résumait ainsi : « Dans sa villa de Grasse une vieille dame généreuse et gaie abrite de jeunes artistes de théâtre, une pianiste géniale et un adolescent ténébreux. À peine le beau Michele et la pathétique Stépha ont-ils essayé un duo d'amour élisabéthain qu'ils s'enflamment. La comédie est l'histoire de leur liaison courte et agitée, et de leur rupture. Tous ces êtres se souhaitent simples, transparents... Mais leur métier les a chargés de poisons. Ils n'achèteraient la pureté qu'en se renonçant, en s'appauvrissant. »
Le jeune Mick, rôle de Gérard Philipe, est témoin de ces jeux d’adultes avant d’exploser de rage et de douleur à la fin de la pièce.
Une très rare photographie de la pièce de théâtre, prise par Mirkine et faisant partie de la collection de Mme Agathe Philip, a été reproduite dans l'exposition du Château de Maintenon, Gérard Philipe, le mythe et l'homme (juin, juillet 2022).
Un succès "des plus parisiens" pour Une jeune fille toute simple
Cannes accueille alors pléthore de Parisiens et reste une capitale de la mode. La presse parisienne s’intéresse ainsi de près à la saison du Casino Municipal, qui débute avec la première d’Une grande fille toute simple le 11 juillet 1942. Diverses annonces sont insérées dans les quotidiens parisiens.
Les comptes rendus de presse sont très laudatifs :
« Un succès des plus parisiens pour sa présentation et son interprétation a salué la création d’"Une grande fille toute simple" (…) par la Compagnie Claude Dauphin (…) » Le Figaro, 16 juillet 1942.
« On se serait cru à Paris dans un théâtre classé, à une grande générale par le monde, par l’atmosphère, par l’éclat du spectacle enlevé gaillardement. La Compagnie Claude Dauphin a fait, avec la création Une grande fille toute simple, une réalisation d’ensemble que nous donne un auteur comme Roussin et des comédiens à leur place. » L’Émancipation nationale, 18 juillet 1942.
« Une grande première à Cannes.
DEBUTS DE LA COMPAGNIE CLAUDE DAUPHIN
Le public, assistant au casino municipal de Cannes à l’ouverture de la saison d’été, a couvert d’applaudissement la création que vient de faire en France la Compagnie Claude Dauphin avec Une grande fille toute simple (…). Interprétation de charme et de mesure parfaite de Madeleine Robinson, Marthe Alycia, Marcelle Praince, Pat Salel et de Claude Dauphin, Jean Mercanton, Pierre-Louis et Philipe-Gérard. » Le Temps, 18 juillet 1942.
« (…) Le revoici [André Roussin] avec une œuvre nouvelle qu’il confie à la Compagnie Claude Dauphin pour son début et qui a pleinement réussi, avec la mise en scène de Louis Ducreux et l’homogénéité de son interprétation.
Une grande fille toute simple nous transporte dans le milieu du théâtre. (…) C’est la comédie de la déformation professionnelle.
M. Claude Dauphin avait entouré de tous ses soins l’exaltation du talent véritable de M. André Roussin. Il a (…) distribué les personnages à des artistes qui en sont vraiment la personnification. Madeleine Robinson a prêté à Stépha l’image complexe, attendue, de la comédienne qui "se donne en permanence". M. Jean Mercanton a toutes les apparences du jeune premier qu’elle doit aimer. Marcelle Praince est charmante en hôtesse de la troupe. Marthe Alycia est la belle adversaire de Madeleine Robinson, la musicienne consommée qui se croit appelée à son tour par la rampe, Philippe-Gérard, dans Mick, traduit bien la violence sans réflexion de la jeunesse. Pierre-Louis, Pat Salal sont amusants dans des figures épisodiques. Quant à Claude Dauphin, il a fait du lucide Simon la création la plus vraie par la désinvolture, l’expression juste des sentiments et ce je ne sais quoi de fantaisie qui lui appartient. » Georges Loiseau, Comœdia, 1er août 1942.
Le succès fait reprendre la pièce pour trois représentations, les 13, 15 et 16 août.
C’est aussi un triomphe personnel pour Gérard Philipe, qui sidère public et partenaires. Daniel Gélin, qui assiste à une représentation, se souvient que
« C'était la deuxième pièce d'un auteur tout à fait inconnu, André Roussin. Parmi les acteurs, il y avait un jeune homme au physique éblouissant, très romantique, une présence, une élégance. Il n'avait qu'une scène où il se suicidait et on y croyait, on ne remarquait que lui. À la fin de la représentation, Jean Mercanton m'emmène en coulisse pour me le présenter : c'est Gérard Philipe. » (cité par Olivier Barrot, L’ami posthume, Grasset, 2008.).
Quant à André Roussin, il dira en 1959, au décès de Gérard Philipe, que :
« Gérard Philipe avait 18 ans. Claude Dauphin me l'avait présenté. Gérard n'avait vraiment qu'une scène à la fin de la pièce ; dans cette scène il venait dire qu'il aimait quelqu'un, qu'il avait 19 ans et que l'amour était une chose grave et dont ne plaisantait pas. Il venait plaider pour l'amour devant des gens, qui, eux, étaient rompus au jeu de l'amour et pour qui, en effet, l'amour devenait un jeu.
Gérard Philipe avait une fougue, une sincérité, une jeunesse bouleversantes. Claude Dauphin qui jouait avec lui m'a dit en coulisses après la représentation : "Le petit m'a fait pleurer en scène, cela ne m'était jamais arrivé". » Sonorama, décembre 1959.
Une reprise lyonnaise…
Charles Gantillon, le directeur du Théâtre des Célestins, avait assisté en mai 1942 à la première d’Am-Stram-Gram (la première pièce d’André Roussin) à Aix-en-Provence.
« Il était venue nous proposer à Ducreux et à moi d’assurer la première saison de sa direction au Théâtre des Célestins, se rappelle Roussin dans ses mémoires. Il se voulait créateur de La Comédie de Lyon et pour cela il engageait le Rideau gris et tous ses collaborateurs (…). C’était une curieuse façon de créer une troupe que de la prendre ailleurs et de la débaptiser à son propre bénéfice. C’était là une sorte d’annexion qui englobait en outre un répertoire. Ducreux et moi nous n’aimions pas beaucoup cette mainmise sur notre cher Rideaux, mais c’était la condition sine qua non de notre contrat et nous n’avions pas les moyens de refuser un engagement qui devait nous faire vivre d’octobre à mai. Le Rideau gris devint donc aux Célestins La Comédie de Lyon. » (André Roussin, Rideau gris et Habit vert, Albin Michel, 2013.)
Le succès de Une jeune fille toute simple vient donc à propos pour cette saison de La Comédie de Lyon. Roussin poursuit :
« Le succès ayant été grand, Gantillon, quelques mois plus tard, voulut faire une reprise de la pièce à Lyon pour une série importante, suivie d’une tournée en Suisse dans une quinzaine de villes. Toute la distribution de la création avait été reconstituée, (…), les dates retenues, les répétitions commencées, mais voici qu’à huit jours de la première… » (André Roussin, Rideau gris et Habit vert, Albin Michel, 2013.)
… Claude Dauphin se fait porter pâle (en réalité, il a rejoint la Résistance à Londres !) et c’est donc André Roussin lui-même qui doit reprendre le rôle de Simon, le metteur en scène.
Détail du programme de salle.Les ratures semblent en rapport avec une reprise ultérieure.
Claude Dauphin ne participa pas à la reprise lyonnaise et Gérard Philipe y joua bien…
La Comédie de Lyon présente donc Une grande fille toute simple du 16 au 19 octobre, et le 26 octobre 1942. (On peut télécharger le programme de salle (PDF) sur les site des archives du Théâtre des Célestins.)
La presse apprécie, tant le sujet (la confusion des sentiments) que sa mise en œuvre :
« UNE GRANDE FILLE TOUTE SIMPLE — Toute simple est beaucoup dire, puisqu’aussi bien André Roussin se voit contraint, tout au long de la pièce, de nous faire décortiquer chacun de ses actes, chacune de ses réflexions, par un personnage qui, lui, n’est pas simple du tout, sorte de deus ex machina spirituellement diabolique (je m’excuse du rapprochement !) auquel l’interprétation de Roussin confère un cachet lunaire et mystérieux qui le rend fort attachant. (…)
Madeleine Robinson était Stefa, la petite fille toute simple, avec toute la complication et la fausse sincérité désirable. Peut-ête même est-elle une grande actrice !
Dans un rôle insignifiant, Philippe Gérard est sobrement beau.
André Roussin danse sur un fil de fer. Et il danse très bien ! » Gérard Breteuil, Méridien : art, pensée, littérature, mai-juin 1942, p. 47.
« Sous l'ironie du titre heureusement trouvé, il y aurait une pétition de principe, si l'auteur ne restait maître de la fantaisie à laquelle il se complaît pour nous plaire. (...)
Le "roman comique" [de M. André Roussin] nouvelle formule nous jette d'emblée en plein théâtre. Nous ne verrons pas la pièce qu'on prépare dans le joli décor que M. Georges Wakhevitch a voulu artificiel à souhait. Il n'importe, car nous aurons eu sous les yeux l'envers du vrai décor, et c'est ce que secrètement nous désirions le plus. Davantage : nous aurons pénétré le candide artifice des âmes que doivent habiller les rôles. (...)
Qui donc ne joue pas ici, et le plus simplement du monde ? (...)
Ils sont tous affamés de sincérité, comme d'un pain d'idéal, ces artistes que le métier entretient dans la convention. Ils y voudraient communier, parce qu'ils conservent le goût natif du vrai. Et c'est pour eux une manière de paradis perdu.
- Vous aimez passionnément le métier que vous faites, remarquera quelqu'un qui les observe.
Cet amour passionnel ne laisse pas de place à l'autre amour. Tel est le drame adroitement enclos dans la pièce souriante où M. André Roussin a mis une psychologie qui n'avait pas de place dans Am-Stram-Gram. Ne quittant jamais le "plateau", la troupe enchaîne et cela lui fait accomplir dans la vie des gestes de théâtre. La lucidité revient-elle, que chacun en est abasourdi. Ont-ils donc pu s'abandonner à ce qui n'était qu'un jeu ? (...)
Pour mieux marquer le contraste, il y a trois sincères : Tinini et Bob, trop jeunes pour que le théâtre les ait déjà intoxiqués et qui se contentent d'être adorablement fous, et encore Mick, pour qui l'amour est si peu un divertissement qu'il manque d'en mourir. Ces personnages rétablissent l'équilibre et corrigent l'optique au sein du troublant mirage.
Il me semble superflu d'ajouter que M. Louis Ducreux, metteur en scène, n'a rien livré au hasard dans la conduite d'une action que son ami, M. André Roussin, a orchestré comme un thème musical sur de délicates et fines variations. On ne saurait être plus naturelle dans l'artificiel que Mme Madeleine Robinson (Stépha). (…) et M. Philippe Gérard (Mick) introduit ce qu’il faut de passion au milieu du délire verbal qui entraîne ses partenaires. Enfin Mme Marcelle Praince (…), Mlle Pat Salel et M. Pierre-Louis (…) complètent une distribution où l’on n’aperçoit pas de petits rôles. » Paul Soupiron, Le Temps, 19 octobre 1942.
« Lyon, 28 octobre. Une grande fille toute simple (…) vient d’être créée avec succès à Lyon. (…) [La pièce] a été remarquablement interprétée par Madeleine Robinson (…) et par Jean Mercanton (…). Ainsi, grâce à des animateurs de choix, la zone non occupée prend vaillamment place dans le mouvement théâtral français. » La France socialiste, 2 novembre 1942.
Toutefois, L’Action française, organe de presse ultra-collaborationniste, n’est pas du même avis, et dézingue violemment la pièce, s’en prenant à Roussin en tant qu’acteur et auteur :
« (…) C’est pourquoi le portrait manque de couleur et la satire est sans force. Du coup son héroïne en devient sympathique, presque touchante, et quand elle répète avec un doux entêtement "je suis une grande fille toute simple" on lui donnerait volontiers raison contre ses protagonistes et contre l’auteur lui-même.
Par contre, le jeune timide qui intervient au troisième acte [Mick ?], et qui est sensé représenter la "vraie" simplicité, sent son théâtre d’une lieue. Sa droiture, sa rudesse même et ses déclarations sonnent plus faux qu’une cloche fêlée.
Ainsi, entre la cabotine et le paysan du Danube, les rôles sont intervertis – cela est paradoxal – et ce dernier personnage ne suffit pas à faire rebondir l’intérêt de la pièce qui se termine avec l’avant-dernier tableau. » François Daudet, L’Action française, 24 octobre 1942.
En revanche, le critique dramatique Jean-Jacques Gautier se souviendra encore, en 1975, que :
« On ne voit plus que [Gérard Philipe]. Il occupe toute la place. Il ne la prend pas ; il est. » (Cité par Gérard Bonal, Gérard Philipe, Seuil, 1994.)
… et une tournée dans le sud de la France et en Suisse
Une grande fille toute simple fait aussi étape au théâtre du Gymnase, à Marseille pour quatre représentations, les 21 octobre, le 22 octobre (matinée et soirée) et le 23 octobre 1942.
La presse locale accueille avec intérêt les « enfants du pays » que sont André Roussin et Louis Ducreux :
« C’est devant une salle comble qu’a été créée, mardi soir, au théâtre du Gymnase, Une grande fille toute simple, comédie en deux actes et quatre tableaux de notre jeune concitoyen M. André Roussin.
Cette œuvre, fine étude psychologique, sous une forme légère et pleine de fantaisie, a remporté, dès le premier soir, un joli succès.
L’interprétation était sans reproche. Mme Praince, dont la renommée est faite, était entourée de Madeleine Robinson (…) ; Marthe Aleya (sic), Pat Salel, Jean Mercanton (…) ; André Roussin, endiablé à souhait et vraiment lui-même dans un rôle adapté à ses moyens. Leurs autres partenaires se montrèrent dignes d’eux. Les décors modernes et la mise en scène de Louis Ducreux sont à signaler.
Gai spectacle que nous vous engageons d’aller applaudir. » L. M., Le Sémaphore de Marseille, 22 octobre 1942.
La tournée passe également par Avignon et Nice ( ?), avant de partir en Suisse. Selon André Roussin,
« Ces représentations furent triomphales. J’emploie ce mot gênant puisque je jouais le rôle de Dauphin, mais comment ne pas parler de triomphe devant des salles partout combles, des publics enthousiastes et une presse qui, à Lausanne notamment, "n’hésitait pas à parler d’un chef d’œuvre, en pesant ses mots". Nous terminâmes donc triomphalement à Berne le 6 novembre. » (André Roussin, Rideau gris et Habit vert, Albin Michel, 2013.)
Cette tournée, faite en collaboration avec le Théâtre municipal de Lausanne (où la tournée joue également), passe le 4 novembre 1942, par Neuchâtel.
« En sortant du spectacle d'hier soir, J'ai entendu par hasard dans la rue obscurcie les appréciations de deux dames qui assurément se piquent d'aimer et de comprendre le théâtre puisqu'elles y vont. L'une traitait franchement la pièce d'absurde et d'indigne de si bons acteurs. L'autre la trouvait parfaite puisqu'on s'y amusait si bien ! Ces réflexions m'ont laissé songeur. (…) M. André Roussin nous dit (…) qu'à force de Jouer l'amour, l'acteur en vient à se Jouer lui-même. C'est l'histoire de cette "fille toute simple", poussée par un élan amoureux qu'elle se complaît à croire sincère et assistant ensuite à la débâcle de ses propres illusions pour repartir peu après avec la même ferveur vers de nouveaux mirages.
Le Théâtre municipal de Lausanne, qui a fait appel à des acteurs du Théâtre de Lyon, a eu la main heureuse pour composer la distribution de la pièce. Mlle Madeleine Robinson a été cette Jeune femme qui trouve un bonheur toujours fugitif dans ses propres Illusions. Son partenaire (M. Mercanton) se prend lui aussi au Jeu, un Jeu dont Simon (l'auteur lui-même) est le grand animateur. Mme Marthe Alycia a représenté avec beaucoup de finesse la musicienne de génie, elle aussi, mais pour d'autres raisons, confinée sur un autre plan. Mmes Marcelle Praince et Pat Salel, MM. Pierre Louis et Philippe-Gérard ont composé les personnages Indispensables grâce auxquels est apparu le monde de rêves où vit la "grande fille toute simple". » (w), L’Express, 5 novembre 1942.
Puis, le 5 novembre 1942 par Berne :
Der Bund, 4 novembre 1942
« Nous n’avons jamais vu un ensemble de jeunes acteurs doués et bien formés, dont les différents éléments se complétaient si bien. L'impression de la pièce aurait été encore plus forte si ces jeunes acteurs n'avaient pas été sensiblement supérieurs à leur rôle, ce qui rendait déjà absurde la thèse d'un personnage entièrement voué à l'apparence et à l'inauthenticité ! On retiendra surtout les noms de Madeleine Robinson, Marthe Alycia et Mercanton, dans l'espoir de les retrouver bientôt sur un autre programme. C'est à eux et au metteur en scène Louis Ducreux que le public a réservé ses applaudissements. » Der Bund, 7 novembre 1942.
« Les acteurs du Rideau gris, associés à ceux du Théâtre de Lausanne, nous ont donné une jolie et nouvelle pièce intitulée Une grande fille toute simple, de M. André Roussin qui, tenant le rôle principal, a défendu son œuvre avec charme et décision.
Jeunesse, gaieté, espièglerie se retrouvent comme dans les pièces précédentes, mais avec un progrès très marqué. Esquisses amusantes, non exemptes de psychologie, prises sur le vif et où il circule un air salubre de santé et de force. Elles dénotent chez son auteur le sens très réel d’une génération enserrée par les épreuves de la vie, dont elle cherche à se dégager par la bonne humeur et le rire, fusant comme une eau limpide à travers les chemins de traverse. » B. de B, La Liberté, 28 novembre 1942.
La carrière théâtrale de Gérard Philipe débutait donc sous d’excellents auspices…
En 1944, lors de la reprise parisienne au Théâtre des Ambassadeurs, le rôle de Mick sera joué par Michel Herbault. Gérard Philipe étant devenu un « nom » dans le milieu du théâtre, un rôle aussi épisodique (bien que marquant) ne pouvant plus lui convenir…
Photographies ©
Bibliothèque nationale de France (Candide et Le Radical de Marseille) et e-newspaperarchives.ch pour la presse helvétique - © archives du Théâtre des Célestins.
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