1948 – "In vino veritas" ? (anecdote)


Pour finir l’année, voici une petite tranche de vie, relatée dans la rubrique « Ciné Potins » de Ciné-Miroir, 27 avril 1948. Gérard Philipe jouait alors la pièce de boulevard KMX Labrador au Théâtre de la Michodière…

 

 « Gérard Philipe, terre-neuve

Un récent dimanche après-midi, en fin de spectacle, un de ses camarades passe dire bonjour à Gérard Philipe, mais le camarade en question est plutôt, comment dirais-je, dans les vignes du Seigneur... Empoisonné comme tout, Gérard Philipe le prend sous le bras et tente de l'entraîner vers le métro le plus proche ; mais, dans la rue, nullement dégrisé par le grand air, le copain se livre à mille excentricités : exécution de claquettes sur le trottoir, escalade de motocyclette à l’arrêt, accompagnée de coups de klaxon étourdissants. De plus en plus empoisonné, notre jeune premier pourrait laisser tomber le copain, mais, noblement, énergiquement aussi, il l’empoigne par le bras et le remorque jusqu'au métro Opéra. Et voilà la dernière création de Gérard Philipe, terre-neuve ou bon Samaritain, au choix... »

 

Le qualificatif de « terre-neuve » fait évidemment allusion à la pièce KMX Labrador, qui se déroule dans l’arctique.

Outre l’illusion de proximité que peut donner cette anecdote relatée aux admirateurs du comédien, ce trait de caractère renforce la connivence avec lui, soulignant sa sobriété et son sens de la responsabilité (ou du souhait de discrétion ?) mis en regard avec le comportement de l’ami ayant un peu trop abusé des fruits de la vigne… La presse cinématographique de l’époque, sans verser totalement encore dans le « people », est pleine de ces minuscules tranches de vies qui humanisent les « vedettes » et cimentent leurs liens avec leur public.


Illustration : caricature de Gérard Philipe par Erol, publiée dans Ciné-Miroir (6 juillet 1948)


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