1948 – Gérard Philipe danse ! (au 18e Gala de l’Union des Artistes)

Micheline Presle et Gérard Philipe au Gala de l'Union des Artistes de 1948 ("Claudine" © Gallica-BnF)

Ce 18e Gala du 10 avril 1948 se tient au Cirque d’Hiver, ce qui n’a rien d’étonnant puisque le thème choisi est « le cirque à travers les âges »… Date importante dans l’histoire de ce gala de bienfaisance au profit de la maison de retrait du vieux comédien, à Ris-Orangis, puisqu’il s’était interrompu durant neuf ans…

C’est le premier auquel participe Gérard Philipe : il sera un fidèle de ces numéros improbables qui permettent aux comédiens de témoigner de qualités inattendues.

 

Pour l’occasion, le quotidien L’Époque fait miroiter des numéros étonnants :

« Fernand Gravey présentera un numéro de chevaux dressés. Jean Weber sera calculateur, genre Inaudi. Pauline Carton interprétera un sketch comique de Paul Colline. François Périer se produira dans un numéro humoristique. Gérard Philipe et Micheline Presle seront unis dans une danse burlesque. Dany Robin et Georges Marchal feront de la voltige à cheval. André Luguet sera Monsieur Loyal. Claude Dauphin, en clown, interprétera une scène du "Mariage forcé", de Molière. Annie Ducaux, avec ses camarades de la Comédie-Française, participera à une reconstitution de la "Foire & Saint-Germain", sous Louis XV. Serge Lifar présentera le corps de ballet de l’Opéra... à bicyclette. Bourvil jouera du cornet à piston, à cheval. Les chansonniers apporteront l'esprit de Montmartre... » (17 mars 1948)

On annonce même Marguerite Moreno dans un numéro de… trapèze volant ! Mais Ce Matin Le Pays (10 avril 1948) précise que « il s’agit d’un "gag" dont seuls les spectateurs du gala auront la révélation et que la grande comédienne ne reprendra pas deux fois. » En réalité, la comédienne, déjà bien âgée, fera un discours burlesque dans lequel elle s’excusera de ne pas avoir assez répété, remettant son numéro à l’année suivante.

Parmi les numéros remarqués par la presse, on cite : le numéro de voltige de Dany Robin et Georges Marchal, le numéro éblouissant de mime de Jean-Louis Barrault, faux cavalier de haute école, la parodie de Hamlet de Claude Dauphin et Pierre Louis, le centaure de Pierre Dac, le corps de ballet de l’Opéra de Paris à bicyclette, etc.

 

Gérard Philipe au Gala de l'Union des Artistes de 1948 ("Claudine" © Gallica-BnF)

Légende : « Gérard Philipe et Claude Géniat retrouvent le rire de leur enfance. » Avec Claude Géniat, sa partenaire dans K. M. X. Labrador. (Claudine, 28 avril 1948).

 

Le numéro de danse parodique de Gérard Philipe et Micheline Presle retient aussi l’attention. Parmi diverses mentions figurant dans de simples énumérations, relevons :

« Micheline Presle et Gérard Philipe avaient mis au point une danse fantaisiste pleine d’esprit et de finesse, qui contrastait avec le "Carnaval" interprété par Serge Lifar et Odette Joyeux. » (L’Aube, 13 avril 1948)

 « On rit franchement aux facéties très poussées de Claude Dauphin, "guignolant" Hamlet, de l’extravagante bouffonnerie de Pierre Dac qu’assiste Irène Hilda, à la remarquable, très remarquable parodie de danseurs mondains par Gérard Philipe et Micheline Presle, surveillés par le "flic" d’une nuit, François Périer…

On rit… On rit… » (Jacques des Barreaux, L’Époque, 13 avril 1948)

 

Micheline Presle au Gala de l'Union des Artistes de 1948 ("Claudine" © Gallica-BnF)
... comme le démontrent ces clichés de Micheline Presle, photographiée durant la soirée (Claudine, 28 avril 1948).

 

« Micheline Presle et Gérard Philipe parodièrent le foxtrot, le tango et le swing. » (Ciné-Miroir, 20 avril 1948.)

« L’art chorégraphique fut à l’honneur. […] Et, danseurs parodiques et mondain, Micheline Presle et Gérard Philippe [sic] déchaînèrent l’enthousiasme. » (André Warnod, Le Figaro, 13 avril 1948.)

« Le principe est toujours le même Chacun doit présenter un numéro de cirque, sortant ainsi de son emploi habituel. Rien n’était donc plus original et amusant que de voir Fernand Gravey, par exemple, présenter des chevaux en liberté ; Jean Davy monter sur l’un d’eux ; Jean-Louis Barrault exécuter, à lui seul, avec une prodigieuse mimique, un numéro de haute école ; Micheline Presle et Gérard Philipe jouer les danseurs mondains ; Rosine Luguet exécuter un exercice sur la corde raide et, malgré l’absence de filet, ne se faire aucun mal en tombant... » (M. B., La France Libre, 13 avril 1948)

« […] une danse spirituelle de Micheline Presle et Gérard Philipe ; [….] » (L’Intransigeant, 13 avril 1948.)

 

Après le gala, François Périer racontait à la journaliste Françoise Giroud qui le raccompagnait en voiture :

« Il était formidable, ce gala, hein ? Vous avez vu les jeunes comédiens français comment ils se défendent. ? Moi, je n’ai presque rien fait parce que je suis claqué, vous comprenez ?.... Pendant deux mois, j’ai répété la pièce de Sartre le matin, tourné l'après- midi, joué La Route des Indes le soir. Et, en ce moment, studio tous les jours et Les Mains sales tous les soirs. Mais les autres ! Vous avez vu Gérard Philipe ?... Et Marchal ? Et... » (L’intransigeant, 16 avril 1948.)

 

De ce numéro de danse parodique, particulièrement réussi, ne demeurent que quelques photographies, ainsi que 3 secondes du reportage diffusé dans les salles de cinéma par les  Actualités cinématographiques de Pathé-Gaumont…

 

Un aperçu des répétitions ? (Libération, 11-12 avril 1948)

 

Illustrations : Libération (11-12 avril 1948) et Claudine (28 avril 1948) © Gallica-BnF

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