1951 – Gérard Philipe tourne "Souvenirs perdus" : Boulogne Billancourt (2)

 Gérard Philipe et les "forts des Halles"

En juillet (?) 1951, un journaliste de L’Écran français assiste au tournage de nuit de scènes de Souvenirs perdus, de Christian-Jaque. Après s’être tenu sur les bords de la Seine, non loin de Notre-Dame de Paris (voir ce reportage), le tournage s’est délocalisé à Boulogne-Billancourt, dans une avenue qui borde une partie des studios de cinéma.

Mais ce n’est pas là que Gérard Philipe « étrangle Danielle [sic] Delorme philosophiquement et tendrement », car il s’agit surtout du tournage de la scène de fuite de Gérard de Lançay après l’un de ses meurtres...

« Il arrive aux journalistes de travailler la nuit aux Halles.

Par exemple, quand Christian-Jaque tourne le quatrième sketch de Souvenirs perdus dans une rue de Boulogne minutieusement transformée en coin des Halles.

À deux cents mètres de la caméra, l’avenue Jean-Baptiste-Clément est barrée. On se faufile, guidé par la lueur des projecteurs qui font une petite aurore boréale, à travers des camions chargés de légumes et des montagnes de cageots.

Christian-Jaque est juché sur un échafaudage de dix mètres de haut au pied duquel, rêveuse, est blottie Danielle [sic] Delorme.

Companeez, le scénariste, nous explique : "Gérard Philipe étrangle cinq personnes pour se venger de la Société, qui l’a enfermé, tout jeune, dans un asile d'aliénés. Il rencontre Danielle [sic] Delorme au moment où elle veut se suicider. L’étrangleur, qui aime la vie, promet à la petite désespérée de l’aider à mourir si elle l'aide à vivre."

Gérard Philipe parle de "lui", le héros, comme d’un ami qu'il connaît depuis toujours.

Son rôle le conduit, au cours d’une même nuit, à fuir la police dans les Halles, puis sur les quais de la Seine, à l’intérieur de Notre-Dame et enfin dans un petit hôtel où il étrangle Danielle [sic] Delorme.

Christian Jaque, tout à coup, commande qu'on tourne : "Allez-y ! Oop ! Allez-y !" Il existe [(sic) excite ?] ses figurants. Et de tous les côtés une foule de gens avec des diables, des charrettes, des caisses, des sacs, criant, riant, courant, se remue dans la rue de Boulogne avec la ferme conviction de vivre sur le "carreau".

Vers minuit, on bivouaque entre deux plans.

Muni d’un paquet de sandwiches et d’un litre de rouge, un boucher me -fait remarquer que son tablier est taché de vrai sang. "C’est que je suis un véritable boucher des Halles." Des "forts" ont, en effet, été engagés. Ils s’intéressent vivement au mécanisme des caméras.

Le film a repris son titre primitif. Il ne s’est appelé "Quatre destins" que dans l’imagination de quelques échotiers. » (L’Écran français, 17 juillet 1951)

 

Gérard Philipe et Danièle Delorme

Le scénariste est Jacques Companeez.

Les « forts » des Halles (manutentionnaires) photographié aux côtés de Gérard Philipe devaient mesurer près de 2 mètres, la taille du comédien étant de 1, 82 ou 1, 83 m… Ces « forts » sont de vrais costauds !

À l’écran, l’encombrement de la rue est très efficace pour faire monter la tension dramatique. Voyez plutôt :

"Souvenirs perdus" (avec Gérard Philipe, DVD Coin de Mire)
"Souvenirs perdus" (avec Gérard Philipe, DVD Coin de Mire)

"Souvenirs perdus" (avec Gérard Philipe, DVD Coin de Mire)
"Souvenirs perdus" (avec Gérard Philipe, DVD Coin de Mire)

 

Illustrations : photographies accompagnant l’article de L’Écran français. (Collection personnelle.) – Captures d’écran du DVD Coin de Mire (version HD restaurée, vendue avec le blu-ray) © Coin de Mire.

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