1948 – Gérard Philipe tourne "Tous les chemins mènent à Rome" (3)


Après un premier volet dans lequel Gérard Philipe tourne et un second dans lequel il ne tourne pas, voici un dernier reportage sur le film de Jean Boyer, paru dans Cinémiroir du 16 novembre 1948 :

 

« Tous Les chemins mènent à Rome, affirme un vieux dicton... Cela n'a pas empêché Gérard Philipe, arrivant en voiture sur la Côte d'Azur, de s'égarer et de se retrouver loin de Nice et des studios de la Victorine où, pour l'instant, se trouve le "Rome" où se déroule l’action du film dont il partage la vedette avec Micheline Presle.

Blond, Gérard Philipe a dû se faire décolorer et ainsi, pour la première fois de sa vie, est devenu client d’un coiffeur pour dames ; de plus, Jean Boyer, le metteur en scène, l’oblige à porter lunettes. "C'est bien plus sérieux pour un géomètre comme M. Gabriel Pégase", lui a-t-il affirmé.

Mais Gérard Philipe en doute et se propose de demander à l'lnstitut Gallup ses statistiques sur le nombre exact de géomètres blonds à lunettes.

Micheline Presle, dont c'est le dernier film en France avant son prochain départ pour les studios d'Hollywood, d'où elle ne reviendra que dans un an pour incarner Sarah Bernhardt, est ravie de voir reformée l’équipe du Diable au corps. Cette fois, ce n'est plus un drame, mais une agréable fantaisie humoristique qui lui permettra de montrer un aspect tout différent de son talent.

Pour tempérer leur ardeur au travail et leur joie de retrouver le gai et chaud soleil de la Côte d'Azur, Jean Boyer, qui, décidément, use et abuse de la bonne volonté-de ses interprètes, a jugé bon d'obliger Micheline Presle et Gérard Philipe à tomber à l’eau. "Ce n'est pas moi qui en ai eu l’idée, mais le scénariste… et puis vous aimez tous deux tant nager !" » dit-il en guise d’excuse et d'encouragement à ses vedettes.

Comme il faut toujours recommencer une scène plusieurs fois, ce fut toute une série de plongeons dans une eau assez fraîche que durent effectuer Micheline Presle et Gérard Philipe.

Tous les chemins mènent à Rome est un scénario original mais aussi vraiment "original" — de Jacques Sigurd qui, pour se reposer des œuvres d’atmosphère, telles que Dédée d'Anvers et Une si jolie petite plage, en attendant Manège, s'est essayé dans le genre "fantaisiste". C'est un scénario qui pétille comme du champagne de bonne année, avec un dialogue plein de finesse où les répliques fusent et font mouche à tout coup. Il règne sur et hors du plateau une telle atmosphère de bonne humeur, de joyeuse camaraderie que l'on ne sait plus exactement quand Micheline Presle et Gérard Philipe jouent pour se distraire, ou se distrayent en jouant. Il faut la présence de Christian Matras, derrière sa caméra, pour savoir, qu'à ce moment-là on travaille. » Paul A. Buisine.

 

Comme c’est souvent l’usage, l’article s’accompagne de la reproduction de petits mots autographes des vedettes à l’intention des lecteurs du magazine :

 

Gérard Philipe et Micheline Presle : autographes
 

La transformation radicale de la persona du comédien est mise en avant dans tous les publi-reportages des média spécialisés.

Ainsi, Cinémonde (13 décembre 1948) fait paraître une page de clichés supposément pris sur le vif (et très ouvertement publicitaires) sur les prochains films. Le visage ahuri de Gérard Philipe illustre le propos.

Gérard Philipe, Monsieur Pégase ahuri

« Blond, méconnaissable sous ses lunettes cerclées d’acier, le visage piqueté de taches de son, tel nous apparaîtra Gérard Philipe dans "Tous les chemins mènent à Rome". Dans ce film mis en scène par Jean Boyer, il joue Ie rôle d’un jeune géomètre naïf et un peu vieux jeu. Un rôle comique qui l’amuse beaucoup... et le laisse encore tout ébahi, ainsi qu’en témoigne cet instantané ahurissant, pris aussitôt après le classique commandement du réalisateur : "Et maintenant, coupez !" »

 

Cette métamorphose du « romantique triste » (ainsi que Philipe qualifiait certains de ses rôles précédents) est l’un des arguments de poids des publicistes, avec la reconstitution (drolatique cette fois-ci), du couple vedette du Diable au Corps.

Peu de temps avant la sortie du film, Ciné-Miroir (28 février 1949) annonce également, en dessous d’une photographie des deux principaux protagonistes :

 

« Gérard Philipe et Micheline Presle vont bientôt reparaître côte à côte dans un nouveau film "Tous les chemins mènent à Rome". Cette comédie légère nous montrera l'admirable couple du "Diable au corps" sous un aspect bien différent de celui où on avait pu les apprécier jusqu’ici. Gérard Philipe y porte même des lunettes. »

 

Gérard Philipe et Micheline Presle

 

Malgré les efforts des publicitaires pour faire « monter la sauce », le film sera un échec public et critique. Si vous voulez vous faire votre propre opinion, ce film a été réédité en DVD Gaumont.

 

Illustrations : © DR. – Photo d’exploitation cinématographique.

 

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