1958 – Un film américain pour Gérard Philipe ? (Petite interview)

Gérard Philipe dans sa loge (1955)

 En 1958, Lors d’une tournée du Théâtre National Populaire au Québec, Gérard Philipe répond à quelques questions. On apprend à cette occasion qu’il aurait eu un projet de film américain avec Alec Guinness et Gregory Peck…

Dépêche de l’agence UPI reproduite dans Le Soleil du 10 octobre 1958 :

« Assis, pieds nus dans sa loge au théâtre Saint-Denis [de Montréal], l'acteur français Gérard Philipe, futur partenaire de Brigitte Bardot dans un prochain film [Babette s’en va en guerre ?], a parlé abondamment, samedi de ses espoirs de tourner avec Gregory Peck, et Alec Guinness, en Afrique, l’an prochain.

Après son exténuante soirée de vendredi soir, durant, laquelle il a joué le Lorenzaccio de Musset, il recevait un [coup de] téléphone de son ami Gregory Peck, aussi de passage à Montréal. Tous deux discutèrent de cette fameuse production qui, si elle réussit, marquera le retour de Philipe au cinéma américain.

Le populaire acteur avait déjà tourné une production anglaise pour l'organisation Rank, à Londres. [Monsieur Ripois] Ici en Amérique, sa renommée lui vient surtout de ses films. Pourtant, il affirme partager également son temps entre le théâtre et le cinéma.

"J'essaie de jouer six mois par année avec le T.N.P. et de tourner deux films durant le reste du temps," a-t-il dit. "Pour moi, ce sont là deux domaines complétement différents, car si le cinéma doit, être naturel, le théâtre lui, doit être lyrique."

Gérard Philipe a déjà refusé une foule de scénarios américains, tout simplement parce qu'on lui demandait, à chaque offre, de signer un contrat à longue échéance. En acceptant, il serait incapable d'interpréter les rôles de théâtre inscrits à son programme.

"J'ai une liste de tout ce que je veux jouer à la scène, et j'essaierai d'incarner chacun de ces personnages choisis avant de mourir !"

C'est la deuxième visite de l'élégant acteur à Montréal avec le TNP et c'est devenu maintenant pour lui du "vieux jeu" car il semble beaucoup plus excité à l'idée d'être le partenaire de Guinness et Peck. […] Philipe, contrairement à certaines rumeurs, s'exprime très bien en anglais, se servant occasionnellement d'un dictionnaire français-anglais. Il a déjà tenu le rôle de Richard II, mais croit depuis ce temps que Shakespeare perd de sa force en français. Aussi il n'a jamais interprété autre chose du grand dramaturge. À cause de son amour du théâtre lyrique, il limite généralement ses interprétations classiques et on le verra jouer le rôle principal dans Le Cid.

Prouvant qu'il est essentiellement un homme de théâtre, Philippe (sic), en plus de jouer dans Lorenzaccio en a monté lui-même la mise-en-scène.

Ceci doit paraître une lourde réalisation de la part de Philipe, pour ceux qui se souviennent de l’adolescent troublé du Diable au corps, un rôle qui lui valut des récompenses internationales. Ce film devait marquer le début d'une merveilleuse carrière cinématographique incluant [liste de films] et Les Grandes Manœuvres, production dans laquelle nous retrouvions Michèle Morgan et la nouvelle venue Brigitte Bardot.

[Rappel des débuts de Gérard Philipe.]

Comme on lui demandait s'il croyait que l’avènement de De Gaulle diminuerait le fossé entre la France et le Canada français, Philipe déclara : "Je crois que le lien culturel entre les deux pays est déjà très fort actuellement."

“Plusieurs troupes formées au cours des dernières années jouent maintenant en français dans le Québec”, a-t-il déclaré en rappelant le récent séjour en France des comédiens du Théâtre du Nouveau-Monde, qu'il considère comme un échangé entre les deux différentes cultures françaises.

Philipe est marié et père de deux enfants âgés de 3 et 4 ans, qui suivront, "seulement si c'est là leur désir", la même route que leur père. »

 

Illustration : Gérard Philipe dans sa loge des Studios de Neuilly, en 1955  (photographie © DR)

 

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