1951 – Gérard Philipe, casse-cou professionnel… et remarqué en Australie

 tournage de "Fanfan la Tulipe" photographie de plateau de Sam Lévin © MPP

Les prouesses physiques de Gérard Philipe durant le tournage de Fanfan la Tulipe (voir ICI, ICI et ) ne passent pas inaperçues ! En 1951, un quotidien australien publie un court article expliquant à ses lecteurs ce qu’est le Club des casse-cous et pourquoi le comédien en a été fait membre honoraire…

VOUS VOULEZ REJOINDRE LE CLUB DES CASSE-COU ?

« Gérard Philippe, dont on se souviendra comme l'ardent collégien du Diable Au Corps va jouer l'été prochain dans une version cinématographique des Liaisons Dangereuses. Ce roman du XVIIIe siècle à l'esprit cynique doit être l'un des rares exemples d'un récit complet écrit entièrement sous forme de lettres et qui, pourtant, développe une intrigue complexe et captive l'attention.

Pour son rôle de cape et d’épée dans Fanfan La Tulipe qu'il tourne actuellement dans le sud de la France, Gérard Philippe a refusé des doublures pour le remplacer dans des séquences dangereuses. Par exemple, il doit sauter de 6 mètres dans une rivière (pour lequel le tarif syndical est de £ 20). C'est pourquoi le Club des Casse-Cou, présidé par Roland Toutain, l'a fait membre d'honneur.

Ce club, unique parmi les sociétés variées et bizarres qui fleurissent (ou plus souvent dépérissent) ici, a un nombre très restreint de membres - seuls neuf ou dix d'entre eux ont franchi le cap. Beaucoup sont appelés mais peu sont choisis car les épreuves d'entrée sont très sévères.

Le candidat doit d'abord prouver ses compétences en boxe, lutte, équitation et escrime. Puis, en guise d'épreuve professionnelle, il doit réaliser un exploit tel que sauter d'une voiture en marche ou tomber d'une fenêtre du deuxième étage.

Il n'est pas surprenant que tous les membres soient des athlètes de premier ordre, ce qui est surprenant c'est que deux jolies blondes appartiennent à ce cercle de trompe-la-mort. Car de tels exploits font partie du travail quotidien de ceux dont le curieux métier est de courtiser le risque. Ces cascadeurs remplacent les stars lorsqu'il faut filmer quelque chose de dangereux. Qu'il s'agisse de tomber d'un cheval de course au galop, de recevoir un coup de chaise sur la tête lors d'une bagarre dans un pub ou de passer à travers une vitre en verre, ces casse-cous ne sont pas étrangers aux hôpitaux et aux salles d'opération. Pourtant, les salaires ne sont pas élevés : £ 25 est le tarif maximum. » (Morning Bulletin (Rockhampton, Australie), 31 décembre 1951 - traduction d’Emmanuelle Pesqué ; texte originel.)

 

Gérard Philipe aurait dû tourner une adaptation des Liaisons dangereuses se déroulant au XVIIIe siècle ; il sera finalement Valmont en 1959, dans une adaptation réalisée par Roger Vadim. Notons qu’André Ripois cite Valmont comme modèle de séduction (il utilise le même stratagème : révéler à la femme convoitée toutes ses turpitudes) au début du film Monsieur Ripois, de René Clément : le personnage séduisant et sulfureux de Choderlos de Laclos revient donc à plusieurs reprises dans la carrière de Philipe.

Les chiffres mentionnés sont des dollars australiens : je n'ai aucune idée de l'équivalence française de l'époque et de maintenant.

 

Illustration : photographie de plateau de Sam Lévin : Gérard Philipe et certains membres du Club des casse-cou © médiathèque du patrimoine et de la photographie. – source de l’article : National Library of Australia.

 

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