Les échotiers de cinéma raffolent des faits et gestes des vedettes. Leurs admirateurs aussi. C’est pourquoi les magazines spécialisés remplissent leurs pages des apparitions publiques, professionnelles ou non, de ceux et celles qui occupent également les écrans.
Cet aperçu de la vie privée très publique du comédien fait probablement partie de sa stratégie pour éviter les indiscrétions, comme le relevait très justement Françoise Giroud dans un portrait aigre-doux paru dans Françoise Giroud vous présente le Tout-Paris. (Gallimard, 1952, réédition 2013) :
« […] s’il a exploité largement le filon de l’amour filial, les photos avec maman, l’appartement avec maman, les porto-flips préparés par maman, c’est parce qu’il a ainsi réussi à cacher longtemps derrière le beau visage tendre de Mme Philip (sans e) un autre visage féminin qu’il entendait ne pas exposer à la malignité publique. […] »
Effectivement, Minou Philip est alors très présente dans les reportages consacrés à son fils, qu’ils se présentent sous la forme de biographie (1948) ou de visite de l’appartement partagé alors avec son fils : Gérard Philipe emménagera à Neuilly à l’été 1949 avec Nicole Fourcade (qu’il épousera en 1951). Mais si la journaliste analyse leur relation sur un strict plan utilitaire, il ne faut pas faire fi de l’affection profonde liant la mère et le fils…
Pour l’heure, ils sont de sortie, comme le relate Ciné-Miroir du 10 janvier 1949 :
Le succès est pour maman« Gérard Philipe comptait parmi les invités du club Pierre Dudan. Il n’arriva pas seul. Une femme élégante, au beau visage animé de deux yeux noirs était suspendue au bras de l’acteur.
Le haut-parleur annonça :
— Maria Casarès et Gérard Philipe.
Pierre Dudan s’étonna :
— Maria Casarès ! Quelle bonne surprise ! J’avais reçu d’elle une lettre d’excuses.
— Elle s’est fait doubler par un sosie, expliqua Gérard Philipe.
Et comme son camarade écarquillait les yeux, il présenta :
— Ma mère.
Les hommages affluèrent, axés sur la flatteuse ressemblance. Sur quoi, Gérard Philipe s’exclama :
— On ne dira plus que je suis un cabot comme les autres. Ce soir, le succès n’est pas moi, mais pour maman ! »
La confusion avec Maria Casarès peut aussi s’expliquer par l’association des deux comédiens dans Les Épiphanies, qui avaient été brièvement reprises en juillet 1948 au théâtre des Ambassadeurs. On avait apparemment beaucoup vu Maria Casarès accompagner Gérard Philipe en ville à cette période, au grand énervement d’Albert Camus, le grand amour caché de la comédienne.
Commentaires
Enregistrer un commentaire