1947 et 1948 –Les vacances de Gérard Philipe

Carte des vacances de Gérard Philipe (Cinémonde, 28 juillet 1948)

Parlons un peu de vacances. De vacances de vedettes, évidemment, puisque ce sujet intéresse beaucoup les magazines féminins ou ceux consacrés au cinéma… et les fans des dites vedettes.

En 1947, le magazine féminin Claudine pose une question d’importance : « avec qui voulez-vous passer vos vacances ? ». En effet, « Vous rêvez d’épouser l'homme dont tout le monde parle. Déjà vous vous voyez hanter les plages à la mode. Déjà vous imaginez tous les regards tournés vers lui, vers vous. Mais la réalité est plus prosaïque. Et ceux qui toute Vannée occupent la vedette de l’actualité ne souhaitent que de paisibles vacances. »

C’est l’occasion de faire de brefs portraits des ceux qui font l’actualité du moment : l’écrivain Jean-Louis Bory, le sportif Alex Jany, le régisseur Albert (music hall), et bien sûr, Gérard « Philippe [sic] » qui n’arrive pas à se débarrasser de ce « p » superflu dans la presse…

 

Évidemment, la presse joue de l’opposition entre les récents rôles de Gérard Philipe, entre ange et démon :

Gérard Philipe, entre ange et diable (Claudine, 9 juillet 1947)

« GÉRARD PHILIPPE [sic] N’A PAS LE DIABLE AU CORPS. — Gérard Philippe [sic] joue indifféremment les anges et les démons, mais les démons ne furent-ils pas des anges ?... Ayant déposé ses ailes dans Caligula, il les retrouve dans Le Diable au corps, et il a réussi à redevenir l’adolescence même, et il tourne en ce moment à Rome La Chartreuse de Parme. Ceux qui le connaissent bien savent qu’il n’aura pas de peine à incarner l’enthousiaste, le voluptueux, le sensible Fabrice del Dongo ; mais Fabrice empêchera peut-être Gérard de prendre des vacances...

S’il revient en France avant la fin de l’été, soyez persuadées que vous ne le rencontrerez pas sur les plages à la mode. Vous aurez plus de chances de le découvrir dans un endroit sauvage, avec un petit groupe d’amis intelligents et une cargaison de livres. Lui-même est très intelligent, très cultivé, mais sans aucune prétention, parce que ce cérébral, ce rêveur "qui se souvient des cieux" est gai de nature et volontiers mystificateur. Signe distinctif : il parle très mal anglais et ne tient pas à se perfectionner, car c’est la raison qu’il donne pour ne pas aller en Amérique, d’où lui viennent périodiquement les offres les plus tentantes. » (Jacques Lebaleur, Claudine, 9 juillet 1947.)

 Le tournage de La Chartreuse de Parme s’achèvera en réalité en octobre 1947.

 

Carte des vacances de Gérard Philipe (Cinémonde, 28 juillet 1948)

L’année suivante, c’est Cinémonde qui interroge : « voulez-vous passer vos vacances avec eux ? »

« Quand les arbres se couronnent de feuillage, que le soleil daigne sourire et qu’on peut laisser son pardessus chez soi, l’humanité tout entière s‘étire délicieusement sous les premières caresses de l’été et tous, fonctionnaires, généraux, crémiers ou pharmaciens, font des rêves où la mer, la montagne ou la campagne se disputent le premier rôle. Pourquoi les vedettes de cinéma n’en feraient-elles pas autant ? Pendant douze longs mois, les lampes brillantes des plateaux, les courants d’air des studios, le texte à apprendre, les répétitions, les prises de vues en pleine nuit, le trac des premières, ont épuisé leurs nerfs et leur résistance. Et quand les exigences d'un métier qui en comporte tellement veulent bien le leur permettre, nos vedettes s‘évadent au gré de leur désir, vers de paisibles petits "trous" ou, au contraire, vers les lieux classiques où le Tout-Paris se transporte dès le mois de juillet.

Voici donc le Tour de France des gloires de l'écran français. Un Tour de France qui ressemble d’ailleurs, pour certains, à un Tour d‘Europe... De toutes façons, si vous souhaitez passer vos vacances dans la compagnie de vos vedettes préférées, après avoir consulté le tableau de "Cinémonde", vous n’aurez plus que l’embarras du choix. […]

Dans Les Landes, du côté d’Hossegor, Gérard Philipe rayonnera. Il emporte sa bicyclette et une dizaine de volumes de Voltaire. Il compte pratiquer alternativement les deux sports, un jour le vélo et, le lendemain, quelques pages de |’ermite de Cerney. Mais il emporte aussi le manuscrit de "Monsieur Pégase, géomètre", un film comique dont il sera le héros à la rentrée. » (Cinémonde, 28 juillet 1948.)

Monsieur Pégase, géomètre, sera rebaptisé Tous les chemins mènent à Rome : pour des reportages sur ce tournage, voir ICI, ICI et .

 

Illustrations comprises dans les magazines cités © Gallica-BnF et Bibliothèque nationale de France.

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