1955 – un portrait québécois (très romancé) de Gérard Philipe

Gérard Philipe
 

En 1955, Gérard Philipe reçoit, une fois de plus, la Victoire du meilleur acteur du cinéma français. C’est l’occasion pour la presse québécoise de revenir sur le parcours professionnel de « l'artiste le plus sombre et le plus secret de Paris ».

C’est aussi l’occasion de mêler le vrai, le vraisemblable et le faux… puisque ce portrait est assez représentatif de la littérature journalistique de l’époque. Et c’est donc l’occasion de mettre en regard des extraits de cette prose avec quelques éléments plus attestés. Cet article signé Jérôme Forestier est paru dans l’hebdomadaire montréalais Le Samedi, le 15 octobre 1955.

« […] Ce référendum no 4 était basé sur le nombre d’entrées du public parisien dans les grandes salles d’exclusivité de la capitale. Les tests no 1, 2 et 3 avaient, eux, consisté en de vastes sondages d’opinions : successivement, furent interrogés les propriétaires de salles, les lecteurs de deux très importants magazines de cinéma, et les critiques. Chaque fois, le nom de Gérard Philipe arriva en premier. Ainsi se poursuit cet étonnant conte de fées qu’est [sa] carrière […]. Un conte de fées […] sur lequel plane malgré tout, depuis 1944, l’ombre d’un drame secret. »

Gérard Philipe obtient sa première Victoire en 1948 (voir un reportage ICI.) Il la remporte en 1952, 1953, 1954 et 1955. Ce palmarès le met ensuite hors concours, et il fait alors partie du Jury d’honneur…

Micheline Presle et Gérard Philipe lors des Victoires 1948
 

« […] Gérard a des souvenirs très anciens de son enfance cannoise. Il se rappelle qu’à 2 ans, ses parents lui faisaient traverser toute la ville sur sa poussette et l’emmenaient se baigner sur une petite plage déserte près du bois de la Croix des Gardes. Puis ce furent les études. Pendant de longues années, les petits Philip sont cloîtrés dans une boîte à bachot. "La nuit", m’a raconté Gérard un soir de confidences, "mon frère aîné Jean et moi nous levions, sortions du dortoir par la fenêtre, allions déterrer dans le jardin une boîte de fer-blanc où nous enfermions des mégots, escaladions le grillage de la pension et partions nous promener pendant des heures dans la campagne ..." »

En 1950, la mère de Gérard Philipe publiait quelques pages de ses Carnets secrets dans le magazine Cinémonde. Elle y livrait quelques anecdotes de l’enfance et de l’adolescence de son fils. (On peut les lire sur ce blog.) Très marqué par sa jeunesse sur la Côte d’Azur, Gérard Philipe l’évoquait encore sur Radio-Nice (à écouter ICI.)

 

« En 1940, après une indigestion de latin, d’anglais et de maths, Gérard passe son bachot. Il faut choisir un métier. Lequel ? Vraiment, il n’en a aucune idée. Il voudrait que toutes ces questions de travail, d’argent à gagner, d’horaires à suivre soient réglées loin de lui, sans lui... A 12 ans, il s’était découvert la vocation de médecin aux colonies. Mais l’idée, depuis, s’est envolée. M. Philip, qui a troqué son cabinet d’avocat contre la gérance du "Parc-Palace" de Grasse, s’inquiète. Il faut que Gérard fasse quelque chose. "Écoute", lui dit-il après les vacances, "si tu n’as pas de projet précis, fais comme moi : le Droit mène à tout. Tu choisiras plus tard".

Loyalement, la future vedette du Théâtre National Populaire essaie de se passionner pour les subtilités du Code. En vain. Que fait un étudiant en Droit qui s’ennuie ? Il va au cinéma. Gérard, bientôt, passe tout son temps dans les salles de Grasse, de Cannes, de Nice. Un jour, à table, il annonce à ses parents qu’il veut devenir acteur. Réaction paternelle : "C’est idiot". Réaction maternelle : "Attends, je vais voir ce que disent les cartes". Les cartes disent "oui". »

Selon les dires du comédien, il aurait fait une partie de ses études de droit « par correspondance. »

 

Gérard Philipe et Minou Philip (source : Gallica)

« Marcel Achard et Marc Allégret étaient des clients — et des amis — du "Parc-Palace". Ils virent soudain Gérard se lever de table, arriver vers eux tout pâle, tout raide, tout gauche et leur dire d’une voix blanche : "Je veux faire du cinéma. Conseillez-moi."

La voix du jeune homme était blanche, mais le regard bleu était d’une force presque insoutenable. Marc Allégret, grand découvreur de vedettes, jauge en quelques secondes le petit Gérard Philip. Achard, lui aussi, a été frappé par cet étrange mélange de douceur et de dureté. "Il faudra que tu travailles très dur", répond enfin Allégret. "Être acteur, cela veut dire, avant tout, des années de perfectionnement acharné. Si cela te plaît, va voir à Nice l’un de mes anciens assistants, Huette [sic], avec ce petit mot de moi."

Une semaine plus tard, Huette [sic] voit se présenter devant lui un grand gaillard très mince, 50% farfelu, 50% illuminé, qui lui tend une carte de visite où Allégret a griffonné quelques lignes. "Parfait", dit Huette [sic], "je vous écoute". Alors, il assiste à quelque chose d’extraordinaire : Gérard Philip lui joue une scène de "Britannicus" comme jamais on ne l’avait jouée auparavant. Pour mieux exprimer les fureurs de Néron, l’apprenti comédien brise une chaise, casse deux carreaux, se roule par terre et termine son audition avec un veston en lambeaux... »

L’audition de Gérard Philipe par Marc Allégret a été raconté d’une autre façon : ce serait Mme Allégret qui aurait consulté Minou Philip, cartomancienne amateure très appréciée, ce qui aurait conduit à l’audition de son fils par le réalisateur. Allégret envoya Gérard Philipe auprès de son ancien assistant, Jean Huet (et non « Huette » !) au Centre des jeunes du cinéma à Nice.

L’audition mouvementé du débutant devant Huet a été rapportée d’une manière similaire dans Gérard Philipe. Souvenirs et témoignages recueillis par Anne Philipe et présentés par Claude Roy. (Le présent article a-t-il fourni la source ?)

 

« Le brave Huette [sic] est stupéfait. Mais, comme Achard et comme Allégret, il a su découvrir, sous cette fougue de jeune chien fou, les promesses du talent. En mai 1942, il apprend que Claude Dauphin cherche des débutants pour la Compagnie Théâtrale qu’il est en train d’organiser. Gérard y va. "Que sais-tu faire", demande Claude. "Rien", répond Gérard. "Parfait", conclut Claude, "tu joueras Mick." Mick était un personnage d’"Une grande fille toute simple" qu’un auteur inconnu, nommé André Roussin, vient de confier à Dauphin... »

Encore une fois, les raccourcis abondent. Gérard Philipe, souvent présent dans les studios de la Victorine, y fait la connaissance de Claude Dauphin, lequel souhaitait monter la pièce d’André Roussin. (Roussin, co-directeur de la compagnie du Rideau Gris (avec Louis Ducreux) avait écrit sa première pièce de théâtre, Am Stram Gram, qu’il venait de faire représenter avec Micheline Presle… laquelle tournait alors avec Dauphin dans Félicie Nanteuil.)

Le dialogue entre Dauphin et Philipe ne semble attesté nulle part ailleurs : réalité ou extrapolation ?

 

« Au "Parc-Palace", Minou triomphe : les cartes qui promettaient le succès à Gérard n’ont pas menti. Mais un petit problème se pose : comment va s'appeler Gérard ? Il a le choix entre plusieurs combinaisons : Philippe Gérard, Gérard Philippe, ou Gérard X ou Philippe Y... Claude Dauphin m’a dit depuis que Gérard avait signé son 1er contrat "Philippe Gérard" et qu'il avait changé six fois d’avis, et de nom, avant la générale de "Une grande fille toute simple" ! Il n’osait pas me dire lui-même qu'il avait changé de pseudonyme, poursuit Dauphin. Alors, il me télégraphiait... Cela a été charmant jusqu’au jour où il a fallu que je donne le bon à tirer des affiches. J’ai, à mon tour, envoyé un télégramme à mon jeune pensionnaire : "Inutile", lui disai-je, "de changer une fois de plus nom de théâtre. Ce sera Gérard Philipe. Amitiés. Dauphin". Tout de suite, c’est pour Gérard le grand départ. Il triomphe dans son petit rôle de Mick »

Toute cette partie semble très exagérée et romancée (par le journaliste ? par Claude Dauphin ?) : en consultant les annonces et comptes-rendus de presse parus tout du long de la tournée de Une grande fille tout simple (voir ce billet de blog pour des détails inédits), on s’aperçoit que le « nom de scène » de Gérard Philipe connaît plusieurs variations. Au Théâtre des Célestins de Lyon, il apparaît ainsi sur le programme…

 

Une grande fille toute simple (programme)

« Il triomphe en tournée dans le grand rôle de "Une jeune fille savait", créé à Paris par François Périer. Un matin de 1943, il débarque lui-même dans la capitale. »

 Pour les détails (inédits) concernant la tournée de Une jeune fille savait, voir ce billet de blog.

 

« L’après-midi, il va rêver devant les affiches du Théâtre Hébertot, où l’on commence à répéter la nouvelle pièce de Jean Giraudoux : "Sodome et Gomorrhe". Une affiche merveilleuse, avec Edwige Feuillère en tête. Tout à coup, quelqu’un lui tape l’épaule. Il se retourne et éclate de rire : le monsieur, c’est le metteur en scène Douking ; Douking qui avait prédit à Gérard qu’il ferait une extraordinaire carrière ; Douking, qui met en scène "Sodome et Gomorrhe"...

Le même soir, Gérard Philipe commence sur la scène d’Hébertot le rôle du jardinier, un personnage qui n’apparaît que deux fois dans la pièce et annonce la colère de Dieu. Il se passe une nouvelle fois quelque chose d’extraordinaire : Gérard est trop bon ! À mi-voix, Giraudoux se penche vers Douking et dit : "Il faut que ce garçon joue l’ange !" L’ange, c’est le rôle no 1 de la pièce : celui qui a les grandes scènes avec Edwige Feuillère et mène, en costume blanc [...]. Depuis, Gérard n’a jamais cessé de voir son nom imprimé tout en haut des affiches de théâtre et de cinéma. [Puis long rappel des prises de rôles de Gérard Philipe.] »

 

Gérard Philipe (Sodome et Gomorrhe) (photo : Studio Harcourt)

Cette version est faussée, sans doute sciemment. L’enchaînement des faits, tel qu’il est présenté ici, est bien trop rapide, et de manière irréaliste. Cependant il permet au journaliste d’accélérer ce début de carrière et de souligner le côté extraordinaire de son talent. Le contrat d’engagement de Gérard Philipe portait en réalité sur les deux rôles, celui du jardinier (qui sera joué par François Chaumette) et celui de l’Ange ; ce qui permettait un repli si ce dernier rôle avait été trop lourd. Edwige Feuillère et Douking ont détaillé la sélection et l’engagement du jeune comédien dans leurs souvenirs (voir les mémoires d’Edwige Feuillère et Gérard Philipe. Souvenirs et témoignages recueillis par Anne Philipe et présentés par Claude Roy.)

 

« [Gérard Philipe] raconte volontiers les principales étapes de sa jeune carrière.

Mais dès qu’on lui parle de sa vie privée, son visage se fige et devient muet. Il y a 3 ans, il alla passer 2 mois en plein Sahara, au volant de son vieux cabriolet Ford bleu et blanc. À son retour, nous primes rendez-vous pour qu’il me parle de ses étonnantes vacances. Il m’en parla donc, et très bien. Gazelles blessées qu’il avait soignées, fêtes masquées du Hoggar où l’invité se sent soudain saisi par la peur, pistes jalonnées d’ossements et de bouquets de roses de sables... tout fut pour lui l’objet de fascinantes descriptions. Mais dès que je lui demandai : "Es-tu parti seul ?", il se leva et s’en alla en claquant la porte. On a su depuis que sa compagne de voyage était la ravissante Nicole Fourcade, une jeune femme mince et blonde qui revenait d’une exploration au Tibet et qu’il épousa, en grand secret, le 30 novembre 1951. À part ce mariage, préparé dans un tel silence que les plus intimes amis de Gérard ne l’apprirent qu’en lisant les journaux, on n’a jamais rien su sur l’homme Gérard Philipe, en dehors du comédien Gérard Philipe. »

Gérard Philipe évoquait rapidement ces vacances devant une journaliste de La Vigie Marocaine, en février 1951. Il aurait également réalisé un film au Maroc, en compagnie de son épouse, entre 1955 et 1957, en vue d’un documentaire qui ne sera finalement pas réalisé, puisque les Philipe s’étaient focalisés sur la vie quotidienne et non sur l’aspect touristique du pays.

Le mariage (secret) de Gérard Philipe donna lieu à des tensions avec la presse et quelques débordements (voir ICI), ce qui renforça la volonté du comédien de verrouiller tout ce qui avait trait à sa vie privée.

 

« Il a longtemps vécu chez sa mère [...]. Puis il acheta, quelque part dans Neuilly, un studio au 8e étage d’un building neuf, avec deux immenses terrasses gorgées de soleil. Personne ne savait l’adresse, même pas son impresario. "Écrivez-moi chez ma mère", disait-il de sa voix terriblement douce et obstinée. "Elle me fera suivre mon courrier". Qui a-t-il aimé ? Même mystère. On a dit que des flirts assez frivoles et assez cruels l’avaient uni à toutes ses partenaires : Danièle Delorme, Jany Holt, Micheline Presle, Madeleine Robinson, Simone Valère. En fait, il a eu un grand amour : Maria Casarès. Ils se rencontrèrent au théâtre des Mathurins en jouant "Federigo". Ce fut immédiatement une violente flambée passionnelle. Maria et Gérard ne se quittèrent plus. La nuit, après le spectacle, ils allaient dans les boîtes espagnoles, écouter du flamenco et regarder sans rien dire les bûches brûler dans la cheminée. »

Gérard Philipe a fait l’objet de plusieurs portraits dans la presse spécialisée lorsqu’il habitait avec sa mère Minou. On peut retrouver certains de ces articles (très mis en scène) sur ce blog : Le Miroir des Vedettes (1948), CinéMiroir (1948) ou Cinémonde (1948)).

En réalité, dans Federigo, Gérard Philipe et Maria Casarès ne partagent pas une seule scène : les deux comédiens semblent s’être uniquement croisés sur le plateau sans avoir vraiment approfondi leur relation. (Présentation, synopsis et revue de presse sur la pièce dans ces billets de blog : 1 et 2).

Ce n’est qu’avec le tournage de La Chartreuse de Parme (voir des reportages ICI, ICI, ICI et LÀ) qu’ils nouèrent une vive amitié, et vécurent une extrêmement brève liaison (sur laquelle Maria Casarès s’est exprimée dans ses mémoires.)

À leur retour en France, ils créèrent Les Épiphanies. C’est alors que la presse a répandu des ragots sur une liaison (inexistante) entre les deux jeunes gens ; ragots qui irritaient vivement Albert Camus. L’écrivain ne cache pas sa jalousie envers Gérard Philipe dans la magnifique correspondance qu’il a échangée avec la comédienne…

Pour ce qui est des « flirts » de Gérard Philipe, ses relations avec Danièle Delorme et Bernardette Lange (qui jouait avec lui dans Sodome et Gomorrhe) sont attestées. Les autres relèvent de la rumeur et sont donc très sujettes à caution.

 

Gérard Philipe et Maria Casarès (source : Gallica)

 

« Puis Maria parlait de Madrid, de Séville, de Burgos, de tout ce pays où elle n'a plus le droit d’aller parce que son père fut l’un des chefs de l’Armée Républicaine. Gérard avait la gorge serrée. Car lui non plus ne peut aller en Espagne, où ses prises de position "progressistes" et la propagande démesurée que lui fait "L’Humanité" l’ont rendue indésirable.

Et pourtant, en Espagne, se cache le secret dramatique de la vie de Gérard Philipe. Depuis la libération, quelques journalistes ont remarqué qu’il n’était plus jamais question du père de Gérard. Quand ils questionnèrent Gérard ou Minou, sa mère, les réponses qu’ils obtinrent laissèrent planer tous les doutes. Or M. Philip n’est pas mort, ni divorcé : à la fin de la guerre, il a été contraint de se réfugier de l’autre côté des Pyrénées. Cette tragédie familiale n’aura peut-être pas de fin. Mais c’est elle qui explique qu’au milieu des plus triomphants éclats de rire le regard de Gérard Philipe s’obscurcisse soudain, au temps d’une fraction de seconde. Mais, si vous le surprenez pendant ces éclairs de désespoir, il n’avouera pas son secret. »

Que la réalité des voyages espagnols de Gérard Philipe, lequel allait régulièrement voir son père, ait été niée par la presse québécoise, voilà qui n’est guère étonnant ! Lors des tournées du Théâtre National Populaire, plusieurs journalistes écriront des entrefilets ironiques ou négatifs sur l’appartenance du comédien au Parti Communiste, et sur le danger de faire entrer un « Bolchévique » sur le territoire canadien... Or Philipe n’adhéra jamais au Parti et n’en fut qu’un « compagnon de route ».

Sur l’exil espagnol de Marcel Philip, se rapporter aux travaux de Gérard Bonal. En dépit de leur dissentions politiques, Gérard Philipe était extrêmement attaché à son père, ce dont témoigne sa correspondance.

 

« Mars 1958 / Papy / Je ne trouve pas le temps de vous écrire mais vous savez comme je vous / aime. Je vous avais promis ma visite / avec Mme Anne Philipe, mais je n’ai pas / trouvé le moment en surcharge [?] de / travail. / Je suis juste allé me reposer très / fatigué en Suisse. Je suis sûr cependant / de vous revoir avant longtemps. / Je vous embrasse / très fort. Votre Gérard. » © Famille Philip(e). (Reproduction présentée dans l’exposition Gérard Philipe. Le mythe et l’homme au Château de Maintenon, juin-juillet 2022.)

 

Biquet dans "Le Figurant de la Gaîté" (source : Gallica)

« Il vous répondra qu’il songe à Biquet-Biquet, le délicieux basset qui jouait avec lui "Le Figurant de la Gaieté" et qui se fit écraser, un soir de 14 juillet, parce qu’il avait voulu traverser tout seul. »

Biquet le teckel avait été très remarqué par les chroniqueurs de théâtre ; il avait également été l’objet de plusieurs entrefilets à vocation publicitaire. (Voir ce billet de blog pour lire ces extraits de chroniques théâtrales.)

 

Illustrations et sources : Bibliothèque nationale et Archives nationales du Québec – Théâtre des Célestins (archives) – Famille Philip(e) – Studio Harcourt.

 

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